Etranger dans son propre pays?
Il m'est arrivé quelque chose d'assez étrange, aujourd'hui, au boulot. Un visiteur de notre site web, égyptien vivant aux Etats-Unis depuis 7 ans et demi, nous demande s'il peut participer à notre programme "d'intégration" des expatriés venant au Caire. Ce programme, se déroulant sur deux jours, a pour but de donner quelques bases historiques et culturelles aux étrangers ainsi qu'une petite visite guidée du Caire pour leur permettre de ne pas se sentir trop perdu lors de leur arrivée.
Cet égyptien nous demande donc très sérieusement, n'en doutez-pas, s'il peut, étant égyptien, s'inscrire dans ce programme. C'est que et je le cite, après 7 ans et demi aux Etats-Unis, il a peur du choc culturel en rentrant, peur de ne plus se reconnaître parmi ses propres compatriotes. Il souhaite donc "se remettre à niveau" parmi d'autres personnes "à l'esprit ouvert".
Ce cas est loin d'être extraordinaire. Nombreux sont les égyptiens qui, partis faire leurs études à l'étranger, ne se reconnaissent plus dans leur pays, une fois rentrés. Ils vivent donc souvent en marge de la majorité de la société, constituant une élite, aisée, qui vit dans son propre monde, avec ses restos, ses bars, ses boîtes, ses activités sociales et mondaines, la vie des grandes entreprises. Il n'existe quasiment aucune mixité entre eux et les autres et donc peu de passerelles entre les deux mondes. Eux qui pourraient "tirer" en quelque sorte le reste de la société, en vivent au contraire complètement séparés suscitant frustration et découragement.
Bien sûr et heureusement, il existe des initiatives personnelles ou collectives, entrepreneuriales ou sociales, qui démentent cette situation. Mais elles sont bien rares.